Holberton School : interview croisée de 3 développeurs Web

Publié le 13/07/2021 Témoignage

Ils sont passionnés d'informatique et sont développeurs Web. Il vous font découvrir leur métier, leurs parcours et leurs challenges quotidiens.

Pour accélérer la formation aux métiers du digital et lutter contre les tensions dans ce secteur, Actual group déploie un réseau d'écoles du numérique dans l'ouest de la France sous licence Holberton School. La prochaine promotion sera lancée en septembre 2021. À cette occasion, nous vous proposons de découvrir la profession de développeur Web au travers de l'interview croisée de trois experts, Jérôme, Steven et Stéphane.


Pouvez-vous vous présenter et revenir sur vos parcours professionnels ?

Jérôme : Après 5 ans passés dans la supervision de chantier dans l'industrie, j'ai eu envie de changer de domaine. J'ai monté un petit site e-commerce que j'avais développé moi-même à partir de zéro. Je n'avais aucune connaissance et je me suis auto-formé. Cela m'a plu. Alors un an plus tard, j'ai intégré une équipe de développeurs professionnels afin d'apprendre tout ce que je ne savais pas encore. J'ai travaillé quelques années en tant que salarié avant de me lancer en freelance en optant pour l'EURL. J'aime la liberté que ce statut offre, au niveau des missions, des congés et de la gestion financière. Je trouve mes missions grâce à une plateforme d'indépendants en ligne.


Stéphane : Je suis développeur web FullStack (Front, Back et Système). J'ai appris la création de sites internet (HTML et PHP) en autodidacte sur le site du zéro (devenu OpenClassrooms), lorsque j'étais au lycée en 2003. À l'époque, Internet prenait de l'ampleur mais je ne savais pas que j'allais en faire mon métier. Je voulais juste faire un blog. Passionné d'informatique, j'ai fait un DUT au cours duquel j'ai appris à créer des logiciels. Mais la dimension graphique et créative de la création de sites Web me manquait. J'ai donc poursuivi avec une formation Multimédia Web à l'IDEM Le Soler. Par la suite, j'ai alterné les périodes de freelancing et de salariat, en ajoutant au fur et à mesure des cordes à mon arc avec de nouvelles technologies, des outils de développement, etc. Aujourd'hui, je suis développeur en CDI, pour la stabilité. Et pour pouvoir me concentrer exclusivement à la production en mettant de côté les aspects administratifs et la gestion de la clientèle liés au statut d'indépendant.


Steven : Je suis développeur back-end salarié. Dès mes 14-15 ans, je me suis intéressé aux ordinateurs et en particulier à la programmation. Après un parcours scolaire un peu chaotique, puis des petits boulots en tant qu'intérimaire manutentionnaire, je suis revenu à ma passion première : l'informatique. Une formation diplômante de 6 mois en support informatique m'a permis de décrocher un premier emploi. J'étais lancé. J'ai fait du support informatique pendant 4-5 ans. D'abord support bureautique puis support Internet (c'était les débuts, en 1995). Pendant ce temps, je me suis auto-formé à la programmation, d'abord HTML et Javascript, puis PHP. Depuis 2000, je fais de la programmation, essentiellement back-end pour des entreprises de renom comme Zend, Orange, Meetic... et aujourd'hui Actual Group.


Comment résumeriez-vous le métier de développeur Web ?

Stéphane : Être développeur, c'est être capable de mettre en place des solutions pour faire face à des problématiques d'automatisation. Réaliser un produit qui facilite et maximise le travail d'un client. Il y a donc en amont une notion d'efficacité et aussi d'anticipation de l'évolution des produits.


Jérôme : Taper du code. Du code pour construire une application, du code pour modifier, du code pour tester. Du code, encore du code, du code, du code, toujours du code. Le reste du temps, ce sont des calls ou des réunions pour discuter de ce qu'il faut faire.


Steven : Oui, la programmation, c'est aussi communiquer, puisqu'on travaille en équipe. Nous sommes amenés à faire la revue du code développé par nos collègues (code review). Cela permet de prendre connaissance d'autres schémas de réflexion, bref d'apprendre. Et si toutefois on est le seul développeur ou que l'on travaille en indépendant, il y a toujours la personne qui a demandé le développement.


Alors, quelle serait la journée type du développeur Web ?

Stéphane : La conception tient une place importante dans le travail. Elle est parfois accompagnée d'une phase de recherche dédiée à la mise en place des solutions et à la préparation de l'exécution. Suivent la phase de développement, qui consiste à réaliser la solution, et la phase livraison et tests.


Steven : Une journée type démarre donc avec une réunion rapide pour voir où chaque membre de l'équipe en est dans ses tâches et pour signaler les éventuels points de blocage.


Stéphane : Le reste de la journée est dédié au développement. Dans une organisation agile, la semaine comptera d'autres rendez-vous de conception pour planifier les prochains sprints, donner son avis sur les tâches à accomplir, déceler les cas particuliers, présenter les aspects clé du développement afin d'avoir l'aval et les idées de nos pairs.


Steven : Il arrive également qu'il faille corriger une anomalie détectée dans une fonctionnalité. Le code review et l'écriture de tests automatisés de code contribuent à réduire le nombre d'anomalies, et à assurer une qualité du code délivré.


Jérôme : Lorsque vous êtes développeur freelance, vous devez aussi consacrer une partie de votre temps à la gestion de votre entreprise et à l'administratif.



Quels outils, logiciels, technologies utilisez-vous ?

Steven : En tant que développeur, on passe le plus clair de son temps dans un IDE, un environnement de développement intégré, spécifique à son langage de prédilection. Il en existe plusieurs. Parfois l'entreprise peut imposer un choix.

Dans mon quotidien, j'utilise principalement les technologies PHP, ReactJS, Javascript/Typescript, MySQL, git. Tout dépend de ce que j'ai à faire : je choisis l'outil le plus adapté à l'objectif à réaliser.


Stéphane : J'utilise l'IDE PhpStorm qui est très pratique et Docker pour l'environnement de développement. Côté langages, je me suis spécialisé sur PHP (côté serveur), HTML/CSS et Javascript (pour le front), SQL pour la gestion de bases de données.

Au delà des langages, il faut également connaître des frameworks (outils et librairies pour faciliter le développement).


Jérôme : J'utilise aussi PHP, Laravel, MySql, avec PhpStorm.

Quels sont les motivations et les freins dans votre métier de développeur Web ?

Jérôme : Ce que je préfère : coder, les avantages du télétravail, pas de bureau, pas d'horaires, pas de bouchons, une très grande liberté. Ma motivation, c'est l'argent. Le seul inconvénient, c'est le manque de relations humaines avec les collègues.


Steven : Créer. Trouver des solutions qui n'existent pas encore. L'aspect créatif et la satisfaction du travail bien fait sont mes principaux moteurs. Personnellement, la création d'interfaces web (pages, formulaires, boutons etc.), c'est ce que j'aime le moins. Même si, là aussi, cela évolue vite et des frameworks comme Bootstrap, ReactJs, AngularJs facilitent grandement la tâche.


Stéphane : J'aime résoudre des problématiques et in fine rendre service aux utilisateurs. C'est un travail très gratifiant car on peut assez rapidement utiliser et tester les fonctionnalités qu'on développe. Et si le produit fini est utilisé sans encombres, on sait que l'on a fait du bon boulot. Il peut parfois être frustrant de se heurter à des imprévus lors d'un développement. Des contretemps liés à des exceptions, des problèmes dans les outils.... Ces moments ne sont pas les meilleurs à vivre, mais il y a toujours des solutions. On apprend de ses échecs et avec l'expérience, on devient de plus en plus à l'aise. Du coup, je dirai que la rigueur est le principal challenge dans ce métier. Car il faut penser à tous les cas de figure et aux évolutions, sans jamais céder à la facilité.


Quelles sont les évolutions de carrière possibles pour un développeur web ?

Stéphane : Il n'y a pas vraiment d'évolution de carrière. On peut bien entendu devenir Lead développeur ou chef d'équipe technique. Mais il y aura, par conséquent, moins de temps consacré au développement. Je pense que le métier évolue surtout en fonction des besoins et des outils disponibles dans la communauté open source. Beaucoup de technologies voient le jour, d'autres disparaissent. Dans le fond, les responsabilités et les tâches resteront les mêmes. Je pense donc qu'il faut construire sa carrière autour des technologies que l'on apprécie et qui sont demandées. Se spécialiser, maîtriser ses outils et chercher à devenir un expert.


Jérôme : Personnellement, je préfère être spécialisé dans une seule technologie, car c'est plus rentable en terme d'efforts pour un même CA. Cependant, les technologies changent en permanence. Il faut toujours se former et évoluer, sinon on est vite trop vieux. Même si se former, c'est du temps et des efforts pas forcément facturables.


Steven : De mon point de vue, je pense que les évolutions de carrière les plus intéressantes sont une combinaison de la spécialisation dans un domaine de développement (web, client lourd, temps réel...) ET le développement d'une polyvalence avec un métier annexe (administration système, administration infrastructure, gestion d'une équipe de développeurs, etc.). Dans les années à venir, on demandera de plus en plus aux développeurs de s'occuper également de l'infrastructure sur laquelle sont exécutées les applications qu'ils développent. Et on attendra d'eux également un minimum de capacité d'analyse de données (data mining).


Quelles sont les compétences et les qualités nécessaires pour exercer ce métier ?

Jérôme : Pour devenir développeur Web, il faut être débrouillard et pro-actif. Ne pas être passif. Pas de talent particulier, mais simplement être logique. Toutes les documentations sont accessibles en ligne, donc il n'y a pas de barrière à l'entrée.


Stéphane : Être rigoureux est essentiel. Il faut également persévérer dans l'adversité et finalement être curieux. Prendre le temps d'explorer les nouvelles technologies propres au secteur dans lequel on évolue.


Steven : Je pense qu'il faut simplement avoir le goût du détail, la tête « bien faite », un esprit logique et être capable de se concentrer sur une tâche, une problématique donnée pendant un laps de temps prolongé.


Quel conseil donneriez-vous à une personne souhaitant exercer le métier de développeur ?

Jérôme : L'IT en général est un domaine très ouvert et prometteur où chacun peut trouver sa place, il ne faut pas hésiter. Bouge-toi et fonce !


Stéphane : C'est la pratique et la mise en application de ce qui a été appris qui feront de vous un élément compétent et utile au sein d'une équipe ou d'un projet. Il faut se challenger en permanence afin d'en apprendre toujours plus.


Steven : Développeur débutant ou expert, restez humble, ne pensez pas que vous connaissez déjà tout. Il y aura toujours quelqu'un qui pourra vous apprendre quelque chose, une autre façon d'aborder une problématique, une autre façon de faire. Soyez indulgent avec vous-même et surtout avec les autres. On est tous différents, chacun avec ses capacités et ses lacunes. C'est ensemble qu'on avance le mieux, en apprenant les uns des autres.


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Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur la profession, n'hésitez pas à consulter également notre fiche métier Développeur Web/Développeuse Web.


Nous remercions chaleureusement Steven, Stéphane et Jérôme pour avoir joué le jeu de l'interview et pour leurs réponses très complètes.